L’espace de coworking Seed Factory abrite à Auderghem une cinquantaine de prestataires de services en communication. Un créneau spécifique qui connaît une concurrence grandissante.

Le coworking, c’est tendance. Bien qu’il ne représente encore que 3% des surfaces de bureaux disponibles dans le pays (soit un peu plus de 713.000 m² mi-2019), le phénomène n’est pas étranger à la croissance de près de 20% du secteur des bureaux avec services (centres d’affaires et coworking).

Dans cet univers de plus en plus encombré, Seed Factory dénote. Situé sur le site d’une ancienne graineterie à deux pas de l’Arsenal à Auderghem – d’où son nom -, cet espace de coworking se targue de n’accueillir que des entreprises, start-ups et indépendants actifs dans le domaine de la com’ au sens large. Sur quelque 2.400 m², environ 150 personnes y travaillent, dont un gros tiers d’indépendants présents deux à trois jours par semaine. L’essentiel sont des employés de PME ou de start-ups, soit une cinquantaine de structures. Le panel est large. Cela va du développement d’algorithmes pour la musique (Musimap) au studio graphique (Paf!) en passant par les études de marché qualitatives (Brain Impact), la réalité augmentée (XRintelligence), la com’ pharmaceutique (Pharmadvance), etc.

Un rôle d’incubateur

Derrière Seed Factory, on trouve Édouard Cambier, un ancien cadre commercial de chez Roularta. Après avoir démissionné du groupe de médias, le fringant trentenaire se lance dans l’entrepreneuriat et crée, en 2002, Affiniteam, un service de conciergerie pour grosses entreprises cédé depuis à Accor. « Pour lancer ce business, j’ai loué un bureau chez Seed Factory. Quand je l’ai revendu, j’ai racheté des parts dans cette structure à des actionnaires qui désiraient s’en retirer », raconte-il. Aujourd’hui il est actionnaire minoritaire mais très actif puisque c’est lui qui fait tourner la boutique au quotidien. « Au départ, c’était déjà un business center dédié à la communication. Nous avons renforcé cette identité en la développant davantage dans un esprit de coworking. » Ce qui veut dire un espace plus ouvert favorisant les échanges et l’interactivité, voire même le partage et la solidarité.

« On ne cherche pas le profit à tout prix, assure Édouard Cambier, on se sent un peu investis d’une mission sociétale, on veut aider les jeunes entrepreneurs à grandir en favorisant le réseautage, ce qui fait qu’on a aussi un peu un rôle d’incubateur. » Dernier exemple avec eBloom, une application digitale dédiée à la rétention de jeunes talents créée l’automne dernier. « Pour une start-up, c’est l’endroit idéal pour se constituer un réseau », se félicite sa cofondatrice Margot Wuillaume. L’idée derrière Seed Factory, c’est en effet que les occupants commencent à faire du business entre eux avant de voir plus loin.

Seed Factory pratique des tarifs relativement bas (à partir de 175 euros par mois tout compris: espace, wifi, fibre optique, café, etc.) mais en échange demande généralement à ses occupants de s’engager pour un an. « On ne veut pas de ‘body shopping’, être un simple hôtel où l’on entre et sort, mais plutôt une communauté active où les gens se connaissent et interagissent. » Cela passe par des événements, des conférences, des expositions (50 à ce jour, avec, tout récemment, une dédiée au Chat de Geluck) et, le week-end, le marché bio de La Ruche qui dit oui.

Conséquence, sans doute, de ce positionnement atypique, la société affiche de légères pertes (53.000 euros lors de l’exercice 2018) pour un chiffre d’affaires de 585.000 euros, tirés des loyers et des services offerts (accueil, télécoms, entretien, événements…). Pas de quoi inquiéter outre mesure Édouard Cambier. « C’est un espace d’innovation, ce qui donne au lieu son aura. Le bâtiment a pris aujourd’hui une belle valeur. » De là à vouloir réaliser un exit, c’est, dit-il, trop tôt pour en parler.

Seed Factory doit en outre faire face à une concurrence de plus en plus prégnante. Elle qui affichait naguère une liste d’attente d’une dizaine d’occupants potentiels voit celle-ci ci diminuer. Car les espaces de coworking prolifèrent un peu partout. On en compte aujourd’hui plus de 450 en Belgique. Ce qui affecte leur rentabilité. Aujourd’hui, 44% des centres d’affaires et espaces de coworking ne gagnent pas d’argent, selon une étude de la BWA (Belgian Workspace Association). Edouard Cambier sait de quoi il parle… puisqu’il est le président de cette association qui compte aujourd’hui 223 membres-bâtiments.

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