En ce mois de novembre, Marie travaille dans un espace de coworking à Bruxelles. Elle est RH dans une grande entreprise. Depuis la mi-octobre, comme tous ceux qui le peuvent, elle doit télétravailler. Sauf que chez elle, ils sont deux à télétravailler et qu’il n’y a pas d’espace de bureau. Alors pour tenir le coup, pour la paix de son ménage, et même si elle a conscience de ne pas tout à fait suivre les règles, elle va dans les locaux branchés de Fosbury and Son’s, à Watermael Boitsfort. « Ici au moins j’ai une imprimante, raconte-t-elle et puis ça me permet de sortir de chez moi, de voir des gens, même si on respecte évidemment la distanciation sociale. »

Les espaces de coworking s’en sortiraient-ils donc dans cette crise sanitaire ? Connaîtraient-ils un afflux de télétravailleurs en recherche d’oxygène et de confort de travail ? Cette réalité existe bel et bien. Siska Lannoo, directrice régionale de Multiburo, un groupe présent en France, en Suisse et en Belgique, et qui propose des bureaux privatifs ainsi que des espaces de coworking, constate que beaucoup d’indépendants ou de consultants saturent au bout de quelque temps à la maison et se tournent alors vers eux. Edouard Cambier, copropriétaire de Seed Factory (Etterbeek), explique qu’il a 3 demandes de ce type par semaine, pour son seul espace de travail, qui a une capacité relativement modeste de 150 personnes.

Ce n’est plus possible de travailler chez soi

Chez Regus, société multinationale, même son de cloche : « C’est la différence entre la première vague et la deuxième vague, précise William Willems, directeur général Belgique Luxembourg. Lors de la première vague, très peu de gens sont venus travailler chez nous. Tout le monde avait peur et restait à la maison. Cette fois-ci, on a d’abord eu une baisse de fréquentation puis, très vite, les gens sont revenus. Beaucoup disent que ce n’est plus possible de travailler chez soi, que les employés dépriment, qu’il y a une perte de dynamisme, qu’on ne peut pas tout gérer par zoom. » La plupart choisissent alors des bureaux privatifs, et s’organisent en shift par exemple, pour pouvoir respecter les distanciations. Quant à savoir si tous ont une attestation pour ne pas télétravailler, c’est une autre question…

Ça n’empêche pourtant pas le secteur de souffrir. Chez Seed Factory, par exemple, le taux d’occupation est tombé à 10%. Multiburo a déjà perdu 10% de son chiffre d’affaires et s’attend à une perte de 15-20% en mars, par rapport au même mois l’année dernière. “Nos clients ont des contrats flexibles, d’un mois ou 3 mois, explique Siska Lannoo. Certains ont mis fin à leur contrat, et attendent de voir ce qui se passera en mars ou avril. D’autres restent quand même, parce qu’ils ont leur siège social et/ou leurs affaires qui sont encore chez nous.”

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